Le stress en enseignement

Comment y faire face, comment diminuer son poids sur nos épaules...

Par Catherine, Avril 2020

Ça fait maintenant six ans que j'enseigne.

Je suis titulaire en 6e année depuis les trois dernières années.

Du stress, j'en ai vécu et j'en vis encore dans plusieurs sphères de ma profession.

 

Aujourd'hui, j'ai décidé de prendre un moment pour mettre en mots les trucs que j'ai développés avec le temps, les éléments que j'ai appris et qui me permettent de garder le contrôle de ma boule dans mon estomac. Je n'ai pas le savoir absolu, je ne suis pas chercheuse ni docteure dans le domaine. Je vous partage en toute humilité ce que j'ai constaté dans les dernières années et ce que je trouve pertinent dans mon quotidien, tout en douceur et sans jugement.

Bonne lecture...

 

QU'EST-CE QUE LE STRESS?

Le stress est une réponse de l'organisme face à une situation menaçante.

Lorsque le cerveau détecte une situation menaçante, il enclenche une série d'actions qui nous fait produire des hormones de stress. Ce sont ces hormones qui nous permettent de réagir.

 

EXEMPLES DE SITUATIONS STRESSANTES EN ENSEIGNEMENT

Nous avons choisi une magnifique profession, mais qui comporte son lot d'éléments et de situations générateurs de stress. En voici des exemples qui, je crois, rejoignent plusieurs d'entre nous.

  • Le début de notre carrière : le premier contrat ou l'attente de celui-ci
  • La première fois où l'on devient titulaire d'un groupe-classe
  • La première rentrée scolaire
  • Les rencontres de parents en début d'année
  • L'arrivée dans une nouvelle école
  • Les premiers bulletins
  • Les séances d'affectation
  • Les changements de niveau, d'école ou de CS
  • Les évaluations par les directions durant les premières années
  • Un groupe d'élèves ayant de lourds besoins / difficultés de comportement
  • Une ambiance négative, malsaine dans l'équipe-école
  • Des conflits de valeurs entre collègues
  • Le sentiment d'impuissance vis-à-vis de certains de nos élèves
  • La planification, la correction, le jugement critique à porter
  • Le manque de ressources ou de soutien
  • ...

Personnellement, le moment jusqu'à présent qui ma fait vivre le plus de stress depuis la fin de mes études est lorsque je suis devenue titulaire pour la première fois. Non seulement je devenais titulaire, mais j'avais aussi pris un contrat en 6e année au programme d'anglais intensif (PAI) quand depuis toujours, je pensais être faite pour le préscolaire... Aussi, parce que je suis folle de même, moi, mon premier contrat comme titulaire à vie, j'ai décidé de ne pas faire du régulier... NON! Moi j'ai décidé de faire la 6e en 5 mois... J'vous dis des fois j'me demande si j'fais pas exprès.

Bref, ce fût vraiment un été intense pour moi. Je me suis préparée à fond et j'ai travaillé fort pour me sentir à la hauteur du défi qui m'attendait.

Sinon, en général, LA situation qui revient chaque année et qui me stresse toujours (autant lorsque j'étais précaire que maintenant que je suis permanente) est la période des affectations. On y reviendra plus tard dans l'article. Je pourrai vous expliquer POURQUOI ça me cause du stress.

J'ai aussi eu à enseigner à un groupe d'élèves avec qui ça ne cliquait pas du tout. Rien n'allait. J'étais extrêmement malheureuse dans ma classe et je ne savais plus quoi faire... Clairement cette situation m'a fait vivre beaucoup de stress sur une plutôt longue période de temps.

 

ÉTAPES ESSENTIELLES POUR GÉRER LE STRESS

Étape 1 : Reconnaître les signaux du stress dans son corps

Je pense qu'on le sait tous, je ne vous apprendrai rien ici, mais le stress déclenche des réactions physiques et psychiques dans notre corps. L'affaire c'est qu'on ne les reconnait pas tout le temps. Soit parce qu'on n'a pas encore développé notre sens aiguisé de détection du stress ou bien parce qu'on est passé maîtres dans l'art du déni... 

Perso, le déni ça me connait. Ça m'a pris un long processus et beaucoup de travail sur moi pour apprendre à vraiment reconnaître les signaux envoyés par mon corps. J'vous dirais même que je ne suis pas encore certaine d'être totalement "hot" dans ce domaine.

L'important ici c'est de prendre un instant pour remarquer ce qui se passe dans notre corps quand on est stressés : mains moites, palpitations cardiaques, jambes molles, maux de tête, maux de ventre, appétit dérangé, irritabilité, sensation de fatigue, etc. 

Essayez de penser à comment VOTRE corps vous parle quand vous vivez une situation stressante. Vous serez plus outillés pour l'aider à bien le gérer par la suite.

 

Étape 2 : Accepter son émotion

Une étape fondamentale selon moi pour arriver à bien cohabiter avec son stress, c'est de l'accepter. Accepter qu'il s'agit d'un sentiment NORMAL et COMMUN. Tous, nous vivons du stress à différents moments dans notre vie. L'intensité et les réactions que nous avons face à lui diffèrent d'un humain à l'autre, certes, mais TOUS nous en vivons, c'est un fait.

C'est pas tant une bonne idée de "faire comme si tout va bien", de tasser notre sentiment dans l'fond de la liste de priorités des choses à gérer. C'est important de prendre conscience de comment notre corps réagit. Peut-être pouvons-nous lui apporter un peu de soulagement? Certainement pas en l'ignorant en tout cas.

 

Étape 3 : Identifier l'élément stressant 

Bon. Maintenant qu'on reconnait qu'on est stressés pis qu'on a bien écouté notre corps, Y VIENT D'OÙ CE STRESS LÀ?

Là je m'apprête à vous partager LE secret de comment démêler tout ça. Vous me direz merci plus tard.

 

"Les chercheurs ont démontré qu'il faut qu'une situation comporte au moins l'une des quatre caractéristiques suivantes pour [...] produire des hormones de stress, et ce, à tous coups." - Sonia Lupien, Ph.D

  1. CONTRÔLE : Vous ne pouvez pas contrôler la situation
  2. IMPRÉVISIBILITÉ : La situation est imprévisible pour vous
  3. NOUVEAUTÉ : La situation est nouvelle, inconnue
  4. EGO MENACÉ : La situation est menaçante pour votre ego

Plus haut, quand je vous parlais des affectations : c'est un manque de contrôle (j'suis avant-dernière sur la liste d'ancienneté de mon école, alors je ne décide pas de grand chose haha) et de l'imprévisibilité en masse. Ce sont ces deux caractéristiques qui font que j'ai mon p'tit coeur qui palpite 2-3 jours avant...

C'était l'ENFER quand j'étais précaire... ouf!

 

Pour vrai de vrai, toutes les situations qui nous stressent touchent une ou plusieurs de ces sphères (le C-I-N-É). Essayez de me dire le contraire : c'est pas moi c'est Sonia Lupien qui le dit. 

D'ailleurs, voici le lien pour acheter ce livre parfaitement bien vulgarisé et trop aidant pour que vous passiez à côté :

"Par amour du stress" : 24.99$ chez Leslibraires.ca 

Et si jamais ça vous intéresse, elle en a écrit un autre, cette fois plus axé sur comment le stress des parents peut déborder sur les enfants et quels sont les effets du stress sur le développement du cerveau de ceux-ci : 

"À chacun son stress" : 29.95 chez Leslibraires.ca

(cliquez sur les titres pour accéder au site).

Perso, j'ai lu le premier et il m'a apporté tellement. Je vous le recommande à 100%.

 

 

Étape 4 : Réfléchir à une solution

Une faute avouée est à moitié pardonnée qu'on dit? C'est à peu près le même principe ici. Faites l'exercice de reconnaître, d'écouter et d'identifier (étapes 1 à 3 plus haut) et je vous promets que déjà vous vous sentirez mieux. Après, on prendre une belle grande inspiration, on s'arrête un instant et on réfléchi aux différentes solutions qui s'offrent à nous. Rien ne sert de céder à la panique. Une chose à la fois. 

Dans mon cas, par rapport aux affectations, comme les agents stressants sont le manque de contrôle et l'imprévisibilité, je ne peux pas concrètement changer la situation. À ce moment, j'accepte que je doive lâcher prise et je prends action sur le "autour". Qu'est-ce que je peux faire autour de la situation pour m'aider à mieux l'accepter, à mieux passer au travers? 

Comme vous voyez dans mon exemple personnel, il n'y a pas vraiment de solution. Parfois ça arrive. C'est pas tant qu'il n'y a aucune issue, mais plutôt que l'issue n'est pas de reprendre le contrôle là où il n'y en a pas. J'sais pas si j'suis claire? Le fait d'accepter que même en faisant le bacon dans mon salon, je n'aurai pas plus de contrôle sur le choix des autres collègues dans mon école... Accepter mon manque de contrôle est en soi la solution à mon stress.  Bien sûr, pour diminuer le facteur "imprévisible", j'ai pris connaissance des préférences de mes collègues et j'ai pu me préparer aux différents scénarios possibles.

 

Étape 5 : Prendre les choses en main

Une fois que les quatre étapes précédentes sont réalisées, il ne vous reste plus qu'à passer à l'action. Ici, il s'agit d'un choix que vous faites de changer la situation dans laquelle vous êtes ou d'y rester.

Parfois, prendre les choses en main représente une action effrayante, parce que parfois, l'agent stressant constitue une situation plus grande qu'une simple séance d'affectation. Parfois l'action à entreprendre est plus compromettante et demande une implication autre. Changer de carrière, prendre la décision de quitter son école, changer de niveau si l'on n'est plus bien avec ses collègues... Aussi grosse et épeurante soit la situation dans laquelle vous vous trouvez, il est important pour VOTRE bien-être (et celui de vos proches par ricochet) que vous preniez le temps d'effectuer les 5 étapes. Rester dans ses pantoufles malheureuses et malsaines par peur du changement ou simplement parce que c'est plus "confortable" d'éviter de confronter l'élément stressant n'aura que des effets négatifs à long terme et ça aussi c'est une promesse.

VOUS ÊTES CAPABLES. Tellement plus que vous ne le pensez.

 

TRUCS ET ASTUCES AU QUOTIDIEN

OK. Rapidement, voici une liste de trucs à mettre en place dans votre vie pour prévenir les situations stressantes et vivre dans le bonheur :)...

  • S'entourer de gens positif. Be-bye les gens qui éteignent votre belle lumière en chialant constamment et en ne voyant que le noir dans toutes les situations.
  • Avoir un réseau solide, une famille, un cercle d'amis sur lequel vous savez que vous pouvez compter quand ça ne va pas.
  • Avoir des amis profs qui vous comprennent, mais aussi des amis "pas profs" avec qui vous pourrez parler d'autres choses.
  • Apprendre à s'auto-féliciter, à se donner de la rétroaction positive soi-même. Être fier(e) de soi et se donner des tapes dans l'dos : fini la recherche constante de l'approbation de l'autre #jenfaisassez.
  • S'accrocher aux petites victoires, trouver du positif dans chaque journée.
  • Accepter les mauvaises journées, les mauvaises semaines. Elles arrivent et nous apprennent beaucoup.
  • Prendre soin de soi au quotidien. Trouver dans sa routine un petit moment pour prendre le temps de prendre le temps t'sais? Un petit moment QUE POUR SOI, simple, accessible et qui fait du bien. Une promenade avec le chien après le souper, une séance de yoga, la lecture d'un bon livre dans le bain, un masque facial, un entraînement intense, etc.
  • Toujours revenir aux 5 étapes énumérées plus haut.

QUESTIONS EN RAFALE

Vous m'avez posé de belles questions sur Instagram. Voici mes réponses.

  • Comment bien se préparer à un nouveau contrat en début de carrière ? Respirer, prendre connaissance avec les collègues, l'organisation et la planification. Planifier sa 1re semaine afin d'avoir de l'espace pour penser à ce qu'il y a autour de la classe (vie-école, surveillance, etc.). Respirer à nouveau et y aller un jour à la fois. 
  • Comment faire pour décrocher quand on sait qu'un élève vit une situation difficile? Comprendre qu'on ne peut pas tout faire. Se reposer sur les épaules de personnes ressources comme les différents intervenants de l'école (TES, psychoéducateur, psychologue, direction, etc.). Référer l'élève et les parents au CLSC ou dénoncer à la DPJ. Parfois on voudrait bien être le super héros de tous nos élèves, mais accepter de jouer notre rôle et de laisser les autres jouer les leurs peut nous sauver de la dépression dû au sentiment d'impuissance.
  • Quoi faire quand on se sent "à bout" ? Se poser la question suivante : Pourquoi j'ai choisi ce métier au départ et comment puis-je revenir à ce qui me faisait triper au début? Accepter qu'il se peut que la réponse ne soit pas la solution. Accepter que peut-être vous avez à prendre une pause bien méritée.
  • Conciliation travail-famille, comment y arriver? Chaque famille et chaque réalité sont différentes, mais chose certaine, lorsqu'on apprend à ne pas trop en faire, à ne pas laisser la "job" prendre toute la place dans sa vie personnelle, on obtiens selon moi un bel équilibre. Encore une fois, tout est relatif et propre à chacun. Moi par exemple, avec le blog et Instagram, j'ai comme une deuxième branche de ma job qui me suit à la maison. Je fais des review de livres, j'écris des articles ici, je post là-bas, je crée des projets pour mes poulets que je vous partage ensuite... mais pour moi ça, c'est du bonbon. J'adore ça. Corriger et planifier à la maison : euh ça NON! C'est un règlement que je me suis fixée. Tant que ça reste dans le plaisir, par choix et non par obligation, je pense qu'il est là l'équilibre.
  • T'es-tu déjà dit : "C'est pas pour moi"? Non. Ça ne m'est jamais arrivé. Pas parce que MOI je suis à ma place et pas toi la personne qui t'es déjà dit ça... ne-non. Je ne suis pas à l'abri d'un épuisement professionnel. Je fais attention. N'empêche que j'me sens plus que jamais sur mon X. Et puis, si un jour j'en viens à la conclusion que ce n'est plus pour moi d'enseigner dans une classe, alors je trouverai le moyen de poursuivre ma passion autrement. J'ai tellement de projets! 

SUGGESTIONS DE LECTURES QUI FONT DU BIEN À L'ÂME

Les trois livres écrit par Jérémy Demay : La liste, La suite et La vie. Chacun 24.95$ sur Leslibraires.ca

Ma retraite yoga à la maison, par Annie Langlois, 26.95$ sur Leslibraires.ca

Tout ce joue avant 8 heures, par Hal Elrod, 14.95$ ou 21.95$ sur Leslibraires.ca

 

J'espère que cet article, malgré qu'il ait été plus sérieux, vous a plu.

Bonne journée xx