J'enseigne à l'intensif. Non, je ne suis pas folle.

Par Catherine, Avril 2020

Quoi?

Tu as pris ta permanence en 6e année INTENSIVE?

T'es folle?!

 

Eh non. Et voici comment j'arrive à rester "zen", en 5 trucs pas si compliqués que ça, tu vas voir.

 

Mais avant, c'est quoi l'intensif? C'est la 6e année enseignée en 5 mois, 2 fois plutôt qu'une parce que les élèves ont durant l'autre moitié (les autres 5 mois) une immersion complète en anglais. Dans ma CS, on appelle ça le PAI (programme intensif d'anglais).

Moi, je m'occupe d'enseigner la portion académique, donc j'ai deux groupes d'élèves différents par année. On échange, la prof d'anglais et moi, en janvier.

 

Évidemment, le préjugé entourant mon poste c'est que je manque de temps, que je cours constamment après ma queue et que je n'arrive pas à arriver. Maintenant la vérité. L'intensif, c'est deux rentrées scolaires, deux rencontres de parents, deux premiers bulletins + rencontres de parents, quatre révisions de plans d'intervention, deux fois les examens du ministère et donc, deux fois la correction de ceux-ci...

Ok!!

Je comprends le préjugé. Mais je vous jure que c'est faisable sans y laisser sa peau et en ayant en plus du plaisir! C'est ici et aujourd'hui que je vous dis que MOI, ce n'est pas du tout comme ça que je le vis et que pour arriver à survivre à la réalité du "tout en double", j'ai quand même développé quelques trucs, que voici...

 

Truc #1 : Enseigner par projets...... multidisciplinaires.

LA meilleure façon de toucher à tout sans avoir l'impression de s'éparpiller. Un projet qui relie l'ECR et l'univers social. Un autre qui fait travailler les maths et le français. Un troisième qui touche aux technologies, à la lecture et à l'écriture. J'en ai tout plein, je ne fonctionne pratiquement QUE comme ça, c'est trop efficace pour que je fasse autrement. D'ailleurs, si vous êtes intéressés à découvrir mes projets, cliquez sur ce lien pour avoir accès à ma boutique de gratuités.

 

Truc #2 : Arrêter de surévaluer.

Au début de ma pratique, je suivais un peu le moule (vraiment pas beaucoup, j'ai toujours eu une tête de cochon). J'évaluais 3 fois chaque matière avec des examens chiffrés. Je détestais ça. De un, ça me demandais un temps fou de tout faire et de deux, je me rendais compte que ça ne m'apportait pas grand chose en matière de jugement professionnel. J'ai donc, dès ma 2e année en 6e, décidé de changer ça. J'ai intégré les 5@7 d'écriture dans mon enseignement (d'ailleurs, merci à Karine Deschâtelets pour ça), j'ai commencé à utiliser les carnets de lecture, je me suis mise à faire faire des devoirs-projets, etc.

(J'vous réserve un article complet sur l'évaluation). Ça m'a permis d'avoir plus de traces, plus rapidement tout en diminuant ma charge de correction. Dans les matières comme le français et les maths, j'évalue en observant, en travaillant en sous-groupe, en récoltant des projets multidisciplinaires, etc. Donc, le fait de prioriser l'évaluation qualitative plutôt que quantitative, moi en intensif, ça me sauve!

Psssst: à ce point j'ajouterais un truc #2.1 : celui de ne pas prendre trop de retard... Le fameux "panier du déni" avec nos piles de correction dedans? Ouin... en intensif, faut le vider relativement souvent, voire à la semaine. Je me fais avoir encore à ce niveau parfois (oups). Mais j'y travaille.

 

Truc #3 : Planifier, planifier, encore planifier.

On va pas s'le cacher, la planification c'est essentiel à un enseignement efficace, mais en mode "intensif" c'est primordial. Et pis je vous dis ça et je suis la reine de la spontanéité, des bulles au cerveau et des planifications de semaines pas suivies. N'empêche que pour avoir une bonne vue d'ensemble et m'assurer de tout faire et de tout enseigner, c'est à ne pas négliger. D'abord, je planifie toujours mes deux étapes. Oui, en 5 moins, nous n'avons que 2 étapes au lieu de 3. J'utilise ce canevas pour planifier absolument tout, de mes thématiques aux leçons à l'étude en passant par mes concepts mathématiques de la semaine et mes projets d'art plastique.

Voici la toute nouvelle version révisée pour l'année 20-21 :

Je planifie donc par étape, mais aussi de façon mensuelle et à la semaine (évidemment). Ma planification mensuelle me permet de prendre le temps de réfléchir à mes réseaux littéraires par exemple. Comme j'aime beaucoup enseigner avec des thématiques, mon tableau me donne un aperçu de tout ce que je peux faire en lien avec celles-ci. C'est vraiment pour "booster" ma planification en thématiques que je l'utilise. En voici un exemple : 

Voilà!

 

Truc #4 : Se créer des bases solides.

Ce qui est vraiment l'fun avec l'intensif, c'est qu'on a la chance de tourner la page et de se réinventer en plein milieu d'année. C'est vraiment positif (en tout cas, moi, ça fait partie des gros ++ que m'apporte mon programme), sauf qu'il ne faut pas tomber dans le piège de vouloir tout essayer et tout faire. C'est important et essentiel à ma survie d'avoir des projets ou des méthodes fixes, qui sont là pour rester. Des choses qui, rapidement dans le temps, deviennent presque des automatismes pour moi. Un certain matériel, une liste de livres "bétons", de vidéos pour l'univers social, bref, une espèce de planification dite "de base" autour de laquelle on va aller ajouter du gras. Ça fait un bon lien je trouve avec le point 3. Ça va pas mal ensemble en fait!

 

Truc #5 : Un jour à la fois.

Probablement le point le plus important d'entre tous. Quand on réalise qu'on ne peut pas faire plus que ce qui entre dans une journée, ça fait toute une différence. Oui, je veux que tous mes concepts mathématiques soient vus, oui je respecte la PDA dans mes matières... N'empêche que parfois, la réalité c'est que, bah après une pédagogique, 2 rassemblements et une conférence en classe, j'ai moins de temps et pis c'est comme ça. Faut pas virer fous non plus!

Ici, je vous dis que c'est primordial de respirer par le nez! Si jamais je manque de temps pour une activité, ou que j'ai tout simplement mal planifié mon temps et que je dois déborder, alors je déborde... et au final, j'arrive tout le temps au bout (promis promis). J'vous mentirais si j'vous disais que je ne suis jamais essoufflée, mais en même temps, dans notre métier, qui ne l'est pas un peu par-ci par-là non?

Bref, c'que j'vous dis là, c'est que dès qu'on décide qu'on en fait assez et qu'on place nos priorités aux bons endroits pour les besoins et le bien-être de nos poulets, le tour est joué!

 

Faqueeee, c'est ça gang!

J'enseigne à l'intensif depuis 3 ans, et puis j'suis pas encore à bout de souffle, essoufflée parfois oui!!, Mais j'aime ce que je fais, je tripe même.

J'vous cache pas que la seule (grosse) faille dans mon cas c'est la rupture de lien en janvier. Ça, je trouve ça difficile. Mais pour le reste, j'y arrive et même très bien.

 

Ok. Bye!


Le début

Par Catherine, Avril 2020

On est en juillet 2018.

Ça fait déjà un moment que ça me travaille.

J'ai envie d'en faire plus. J'ai ce désir de partager, de mettre de l'avant mes idées, mes découvertes, ma passion.

Je n'en parle à personne. Jusqu'à cette douce journée, dans la montagne avec des amies quand je leur lance l'idée de créer une page Instagram pour pouvoir présenter aux autres ce que je fais.

"C'est-tu niaiseux vous pensez?" - je leur demande.

C'est une vraie de vraie question : il existe déjà plusieurs pages / blogs / chaînes YouTube et on dirait que je ne sais pas si j'ai quelque chose de plus à ajouter.

"C'est pas fou pentoute Cath, lance-toi! Tu as toujours tout plein d'idées."- Qu'elles me répondent. Merci les filles. La tape dans le dos qu'il me fallait.

 

Alors, Une vie de prof est née. Ma petite page toute à moi. Un canevas vierge, tout blanc, sur lequel je vais pouvoir mettre et dire ce que je veux.

Une VIE de prof, c'est mon quotidien. C'est mon TOUT. C'est ce qui compose ET ce qui entoure mes journées bien chargées d'enseignante de 6e année.

Une vie de prof, c'est le début de bien de belles choses...

 

Mes premières publications, c'est un peu n'importe quoi. À ma défense, j'ai démarré une page de prof en juillet... Y'a pas d'école. Mais je m'amuse. Je prends rapidement plaisir à photographier un peu de tout et beaucoup de rien. La photo, ça m'a toujours passionnée, alors YEAH, je combine deux plaisirs. Puis, septembre revient. Le vrai de vrai. C'est parti!

 

Des publications qui parlent de ce que je fais en classe, des outils que j'utilise avec les élèves, des trouvailles que je fais dans la communauté, dans les magasins, les librairies. Je présente mes coups de coeur littéraires, je parle de mon enseignement du français sans cahier, je présente mes thématiques et mes projets... Là, c'est sérieux. C'est ÇA la vie de prof que je veux partager. Mais je ne m'arrête pas là. Je veux aller plus loin, offrir plus. Alors, je commence à parler du laid, autant que du beau. Parce que, faut être honnête, notre métier, c'est le plus meilleur, mais il comporte aussi beaucoup de bouts "pas très cutes" aussi.

 

J'ouvre la porte à ma santé mentale. Je me confie.

Je parle des mauvaises journées, quand elles se présentent. Je suis là, je suis toute là.

En 2018-2019, je traverse la plus laide et la plus difficile des épreuves. Mon papa tombe gravement malade en novembre et décède en janvier.

Je décide d'en parler. J'en parle parce que ça affecte mon quotidien de fille, de blonde, d'amie, de collègue pis aussi ma vie de prof. Et puis vous êtes nombreuses à me dire merci, à vous identifier à ce que je vis. Vous m'écrivez par centaines. Vous m'envoyez de l'amour et votre soutien. On ne se connait même pas. Mais quelque part, à un moment donné, vous m'avez adoptée... Pour ça, j'ai pas de mots.

 

Alors, je continue encore et toujours à m'ouvrir et à présenter TOUTES les facettes de ma vie d'enseignante, pas toujours rose, majoritairement ensoleillée, mais tout de même un peu compliquée. J'ai du plaisir à vous jaser, à répondre à vos questions, vos commentaires. Parfois, j'ai l'impression de placoter avec une amie, une collègue. C'est tout pour moi. Être prof en 2020, c'est pas facile. C'est plus ou moins valorisant (plus quand on se concentre sur nos poulets, alors LÀ c'est beau beau beau), mais c'est oh combien stimulant!

 

Une vie de prof, ça a commencé par une question : "Est-ce que j'ai quelque chose à dire?".

Merci d'être encore ici et de me répondre que : "Oui".